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TROUBLES GRAVES
DU RYTHME VENTRICULAIRE,
MORTS SUBITES
ET NEUROLEPTIQUES
R é s u m é
roleptiques récents tels que la rispéri-
La prévention des troubles du
done (Risperdal°) et l'olanzapine
rythme cardiaque chez les patients
Les neuroleptiques entraînent un
(Zyprexa°). Des neuroleptiques
traités par neuroleptique consiste à
allongement de l'intervalle QT, qui
"cachés" tels que le cisapride (Prepul-
bien peser les indications, à utiliser
expose à un risque de torsades de
sid°) ou la dompéridone sous forme
les plus petites doses efficaces, à
pointes, de tachycardie ventriculaire,
injectable (ex-Motilium° injectable, qui
surveiller l'ECG. La recherche de
de syncope et de mort subite. Cet
n'est plus commercialisé sous cette
facteurs favorisants doit être systé-
effet indésirable dépend notamment
forme) ne sont pas exempts de risque.
matique : repérer les facteurs de
de la dose.
risque de torsades de pointes, éviter
Alors que cet effet a été mis en
les associations avec d'autres médi-
La majorité des observations
évidence depuis plusieurs dizaines
caments qui favorisent la survenue
publiées concerne les phénothiazines,
d'années, le niveau de risque respectif
de torsades de pointes et/ou qui
surtout la thioridazine (Melleril°). La
des divers neuroleptiques reste diffi-
peuvent provoquer des interactions
plupart des autres neuroleptiques ont
cile à préciser, et les études épidé-
aussi été impliqués, y compris des neu-
miologiques sont peu nombreuses.
Les effets indésirables sur le rythme car-
divers niveaux de risque. Au motif de diffi-
méthodiques, une part importante de cet
diaque des neuroleptiques et des sub-
cultés de traitement, la plupart des associa-
excès de mortalité est due à des morts non
stances chimiquement proches sont connus
tions qui étaient contre-indiquées sont deve-
naturelles (suicide et accident), mais les
depuis de nombreuses années, qu'ils soient
nues déconseillées (8,9).
causes "naturelles" représentent néan-
utilisés en psychiatrie ou dans d'autres
Nous avons cherché quelques points de
moins 60 % de l'excès de mortalité (10,11).
situations ; peu à peu, ils sont davantage
repère dans l'abondante documentation sur
Les décès de causes cardiovasculaire,
pris en considération. Sur ce point, le résu-
ce sujet. Quels sont ces effets indésirables
digestive, génito-urinaire et respiratoire
mé des caractéristiques (RCP) de la thiori-
cardiaques et leurs conséquences ? Cer-
notamment sont plus fréquents de manière
dazine (Melleril°) a évolué après ceux du
tains neuroleptiques sont-ils plus impliqués
statistiquement significative que dans la
dropéridol (Droleptan°), du pimozide
que d'autres ? Avec quel niveau de
(Orap°), du cisapride (Prepulsid°, un neuro-
preuves ? Existe-t-il des facteurs de risques
La mortalité cardiovasculaire a pu être
leptique "caché", utilisé en gastroentérolo-
à prendre en compte ?
analysée à partir de deux cohortes consti-
gie), du sultopride (Barnetil°), etc. (1à7).
tuées rétrospectivement (12). Une base de
L'Agence française des produits de santé,
données canadienne a permis de comparer
dans une lettre aux prescripteurs en
Des troubles du rythme
3 022 patients schizophrènes recensés
décembre 2001, a fourni une liste de 12
cardiaque graves
entre 1994 et 1999 et une population témoin
neuroleptiques susceptibles d'entraîner des
et des morts subites
appariée pour l'âge et le sexe
torsades de pointes : la chlorpromazine
(12 088 patients). Une base de données
(Largactil°), la cyamémazine (Tercian°), la
Depuis plusieurs dizaines d'années, on a
américaine a permis de comparer
lévomépromazine (Nozinan°), la thioridazi-
constaté que les malades psychiatriques
2 000 patients schizophrènes identifiés entre
ne, la trifluopérazine (ex-Terfluzine°), l'ami-
ont un taux de mortalité d'origine cardiovas-
1995 et 1999 et une population témoin
sulpride (Solian)°, le sulpiride (Dogmatil° ou
culaire et de morts subites supérieur à celui
appariée pour l'âge et le sexe. Dans les
autre), le sultopride (Barnetil°), le tiapride
de la population générale.
2 études, les patients schizophrènes ont
(Tiapridal° ou autre), le dropéridol, l'halopé-
subi un excès de mortalité toutes causes
ridol (Haldol° ou autre) et le pimozide. Cette
Excès de mortalité cardiovasculaire
confondues, avec un risque relatif de 2,7
liste omet de nombreux neuroleptiques dont
des patients schizophrènes. La mortalité
(p<0,001) et 7,2 (p<0,001) respectivement.
la rispéridone (Risperdal°) et l'olanzapine
toutes causes confondues des patients
Dans les deux cohortes, le risque de morta-
(Zyprexa°). À partir de cette liste sont défi-
schizophrènes est supérieure à celle de la
lité de cause cardiovasculaire a été multiplié
nies des associations de neuroleptiques de
population générale. Selon 2 synthèses
chez les schizophrènes par environ 2,5. Ces
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études ne permettent pas de préciser le rôle
tains neuroleptiques ont paru plus impli-
maximale recommandée selon le RCP ver-
des neuroleptiques, même s'ils sont soup-
qués, tels que la thioridazine (RR 5,4 ; IC
sion dictionnaire Vidal 2002 est de
çonnés d'y contribuer (a)(12,13).
95 % : 2-13,7) et le dropéridol (RR : 6,7 ; IC
600 mg) (23,32).
95 % : 1,8-24,8) (e)(23).
Excès de morts subites. Les morts
Lente évolution des RCP. La prise en
subites sont plus fréquentes dans les popu-
compte de ces effets indésirables car-
lations psychiatriques que dans la population
Les phénothiazines au premier
diaques graves par les RCP a été lente. On
générale (12).
rang, la thioridazine surtout
lisait encore dans le RCP de Melleril° ver-
Les causes de ces morts subites sont
sion dictionnaire Vidal 1999, au paragraphe
multiples (b). Au cours des années 1960,
La mise en cause des phénothiazines
des effets indésirables cardiovasculaires :
alors que les causes de mor talité des
dans les troubles du rythme cardiaque repo-
« hypotension orthostatique, troubles de la
malades psychiatriques font l'objet
se surtout sur des observations publiées en
repolarisation bénins et réversibles », et pas
d'études, et que les neuroleptiques du
détail et sur des études épidémiologiques.
un mot de plus (46). En juillet 2000, la Food
groupe des phénothiazines deviennent lar-
and Drug Administration américaine a mis
gement utilisés dans les hôpitaux psychia-
Des observations troublantes. À partir
en garde les professionnels de santé contre
triques, souvent à très fortes doses, les
des années 1960, des observations d'aryth-
les risques de troubles cardiaques graves
mor ts subites inexpliquées chez des
mies ventriculaires ont été rapportées à la
liés à la thioridazine, et le RCP version dic-
malades psychiatriques ont paru plus fré-
chlorpromazine, qui devenait largement utili-
tionnaire Vidal 2001 de Melleril° a enfin
quentes à certains cliniciens (14à17).
sée (24à31). Des torsades de pointes ont
mentionné les risques de troubles du rythme
Les raisons de cette apparente augmen-
parfois été enregistrées (26,27). Dans
ventriculaire graves, les risques d'interac-
tation ont donné lieu à des débats contra-
quelques cas, la chlorpromazine était le seul
tions médicamenteuses par addition d'effets
dictoires d'où a émergé peu à peu la notion
médicament pris au moment de l'épisode de
indésirables cardiaques, et des indications
d'une responsabilité des effets indésirables
troubles du rythme cardiaque (f)(27,28,29).
plus restreintes (1,32).
cardiovasculaires des neuroleptiques. C'est
Les doses de chlorpromazine étaient sou-
ainsi que, dans quelques cas de morts
vent élevées, de 25 jusqu'à 1 600 mg par
subites, une activité électrocardiographique
jour, alors que les doses recommandées
a pu être enregistrée qui a montré une fibril-
chez l'adulte selon le RCP version diction-
lation ventriculaire (15à20). Le plus sou-
naire Vidal 2002 se situent entre 25 et
a- Parmi les explications avancées de l'excès
de mortalité, on peut relever : une prévalence
vent, les patients n'avaient pas de patholo-
600 mg par jour (32).
importante du diabète (le risque relatif de dia-
gie cardiovasculaire antérieure connue.
La thioridazine est ensuite apparue im-
bète a été évalué à 1,6 (p<0,01) dans lacohorte canadienne et à 2,7 (p<0,001) dans la
pliquée dans de nombreuses observations
cohorte américaine), l'obésité, l'alcoolo-taba-
Rôle majeur des neuroleptiques : un
publiées de mort subite ou de troubles
gisme, l'absence de traitement des troubles
effet dose-dépendant. En dehors des
graves du rythme cardiaque (33à44). Pour
somatiques associés et le manque de soins(réf.18,19). Hyperglycémie, diabète et prise de
morts subites par fibrillation ventriculaire,
certains patients, des torsades de pointes
poids sont eux-mêmes des effets indésirables
les troubles cardiovasculaires observés
sont survenues pour des doses de thiorida-
des neuroleptiques (réf. 32).
chez les patients sous neuroleptique ont
zine inférieures à 100 mg par jour (39,42).
b- À côté des troubles du rythme cardiaque,
d'autres causes de mort subite sont rappor-
été des palpitations, des tachycardies, des
tées à d'autres effets indésirables connus des
syncopes, des arrêts cardiaques. Les élec-
Des études épidémiologiques. Une
neuroleptiques, à savoir des collapsus cardio-
trocardiogrammes réalisés ont montré des
étude finlandaise a extrait d'un registre
vasculaires, des cr ises convulsives, desfausses routes et des aspirations bronchiques
allongements de l'intervalle QT, des tor-
toutes les autopsies médicolégales pour
pouvant survenir dans le cadre d'une crise
sades de pointes, des tachycardies ventri-
mort subite réalisées en Finlande sur une
convulsive, des dystonies lar yngées, des
période de 3 ans (45).
embolies pulmonaires, des syndromes malins(réf. 15à18,32).
Deux études comparatives prospectives
Tous les cas de mort subite inexpliquée à
c- L'intervalle QT est mesuré sur l'électrocar-
ont mesuré l'inter valle QTc chez
l'autopsie, chez des patients traités par neu-
diogramme. Il s'agit de la durée écoulée entre
des patients traités par neuroleptique et
roleptique ou antidépresseur, ont été rete-
le début de l'onde Q et la fin de l'onde T. L'in-tervalle corrigé (QTc) est calculé pour tenir
l'ont comparé à celui de témoins (c). Elles
nus, soit 49 décès (chez 31 femmes et
compte de la fréquence cardiaque, en général
vont dans le sens d'un allongement du QTc
18 hommes). La prise d'une phénothiazine à
en divisant QT par la racine carrée de l'inter-valle RR (durée qui sépare 2 ondes R con-
sous neuroleptique (21,22). Dans une
dose thérapeutique a été retrouvée dans 46
sécutives) ; QTc est en général inférieur ou
étude, un QTc long était statistiquement
cas, dont la thioridazine dans la moitié des
égal à 440 msec (réf. 89). Ce n'est qu'à la fin
plus fréquent dans le groupe traité par des
cas. La thioridazine était le seul médicament
des années 1960 que les torsades de pointesont été identifiées (en France), et mises en
doses très élevées de chlorpromazine (22).
pris dans 15 cas. Seulement 5 cas ont été
rapport avec l'allongement de l'intervalle QT
Une étude d'épidémiologie descriptive
associés à la prise d'un neuroleptique d'une
(réf. 82).
réalisée au Royaume-Uni, ayant inclus
autre classe, ou d'un antidépresseur. Selon
d- Les doses standard se situaient entre 0 et
1 000 mg d'équivalent-chlorpromazine, les
495 patients psychiatriques, a mis en évi-
les auteurs, les phénothiazines, et en parti-
doses fortes de 1 001 à 2 000 mg d'équivalent-
dence un intervalle QTc anormal, défini
culier la thioridazine, sont sur-représentées
chlorpromazine, et les doses très fortes supé-
comme supérieur à 456 msec, chez 8 %
dans cette série par rapport à la prescription
rieures à 2 000 mg d'équivalent-chlorpromazi-ne (réf. 23).
des patients (23). Une corrélation statisti-
des neuroleptiques dans la population en
e- Par ailleurs, une publication rapporte une
quement significative est apparue entre la
Finlande (45).
observation de bloc auriculoventriculaire com-
prévalence de l'allongement de l'intervalle
Dans l'étude épidémiologique britannique
plet avec un allongement de l'intervalle QTcsurvenu chez un nouveau-né d'une mère schi-
QTc et la prise de neuroleptique d'une
citée ci-dessus, parmi 64 patients prenant de
zophrène traitée par chlorpromazine et halopé-
façon dose-dépendante (fortes doses :
la thioridazine, 25 % avaient un allongement
ridol (réf. 90).
risque relatif 5,3 ; intervalle de confiance (IC
du QTc supérieur à 456 msec, alors que la
f- Dès 1954, des études menées chez le chien
et des observations cliniques avaient montré
95 %) de ce risque 1,2-24,4 ; très fortes
plupart avaient des doses inférieures à
des anomalies électrocardiographiques liées à
doses : RR 8,2 ; IC 95 % 1,5-43,6) (d). Cer-
300 mg par jour (la posologie quotidienne
la chlorpromazine (réf. 91).
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Halopéridol : un bon recul
très longtemps après le début de l'utilisation
mort subite. Plusieurs observations de tor-
d'utilisation et peu
du médicament.
sades de pointes avaient été publiées.
d'observations à doses faibles
Début 2001, la firme Janssen-Cilag a
Dompéridone injectable. La dompérido-
annoncé le retrait mondial de toutes les
Alors que l'halopéridol (Haldol°) devenait
ne est un neuroleptique "caché", utilisé sur-
formes de dropéridol, y compris les formes
largement utilisé, des allongements de l'in-
tout pour ses propriétés antiémétiques, et
buvables, pour le 31 mars 2001 (66,67). Puis
tervalle QT, des troubles du rythme car-
non en tant que psychotrope. En 1986, la
volte-face, Janssen-Cilag en accord avec
diaque graves, et des arrêts cardiaques ont
dompéridone sous forme injectable (Moti-
l'Agence française des produits de santé a
été observés chez des patients recevant des
lium°) a été retirée du marché. Plusieurs
annoncé le maintien sur le marché des
doses d'halopéridol généralement fortes, soit
observations de troubles du rythme ventricu-
formes injectables par voie intramusculaire et
par voie intraveineuse chez des patients en
laire et des décès avaient été publiés (61).
par voie intraveineuse « compte tenu des
réanimation, soit dans le cadre d'escalades
Nous n'avons pas identifié d'observation
demandes exprimées par les professionnels
rapides de doses chez des patients psychia-
de torsades de pointes ou de troubles du
de santé » (g)(68). Le dropéridol reste ainsi
triques vus en urgence (neuroleptisation
rythme ventriculaire lors de l'utilisation de la
commercialisé dans certains pays, comme la
rapide) (47à60).
dompéridone en dehors de la voie injectable.
France et les États-Unis d'Amérique.
Des réanimateurs ont recherché les cas
Aucune mention n'apparaît à ce sujet dans le
L'histoire mouvementée du dropéridol
de torsades de pointes de manière rétros-
RCP version dictionnaire Vidal 2002 (32).
continue, puisqu'en décembre 2001, la Food
pective à partir des dossiers de 268 patients
and Drug Administration américaine a mis
sous respirateur qui avaient reçu de l'halopé-
Sultopride. En 1991, en France, la Com-
en garde les professionnels de santé du fait
ridol par voie intraveineuse dans le but d'ob-
mission nationale de pharmacovigilance a
de la notification de torsades de pointes,
tenir une sédation en 1995 (58). Ils ont exclu
analysé une vingtaine d'observations de
parfois fatales, liées au dropéridol utilisé
les cas où existait un autre facteur de risque
troubles du rythme ventriculaire, notamment
pour la sédation et la prévention des nau-
de torsades de pointes, métabolique, phar-
des torsades de pointes liées au sultopri-
sées et vomissements associés à des inter-
macologique ou neurologique, et ceux qui
de (8). Des cas mortels sont survenus chez
ventions chirurgicales ou diagnostiques
ont développé l'épisode de torsades de
des patients ayant reçu des injections de
(69). La dose initiale recommandée dans
pointes plus de 24 heures après avoir reçu
sultopride (Barnetil°) (8). Des cas de syn-
cette indication aux États-Unis d'Amérique
l'halopéridol. Ils ont comparé les 8 patients
copes par torsades de pointes ont été décrits
est au maximum de 2,5 mg par voie IM ou
ainsi sélectionnés à 41 témoins tirés au sort
en détail (62,63). La forme injectable a ensui-
IV lente, complétée si besoin de doses sup-
parmi les 215 patients sans torsades de
te été retirée du marché en 1999 (64).
plémentaires de 1,25 mg.
pointes. Dans cette étude, le risque de tor-
Les RCP version dictionnaire Vidal 2002
sades de pointes est apparu corrélé à l'utili-
des formes orales de sultopride actuellement
Cisapride. Des torsades de pointes et
sation de doses supérieures à 35 mg par
commercialisées en France prennent en
des troubles du rythme ventriculaire graves,
jour d'halopéridol et à l'existence sous halo-
compte le risque de troubles du rythme car-
parfois mortels, survenus sous cisapride
péridol d'un intervalle QTc supérieur à
diaque (32).
(Prepulsid°) ont motivé en 2000 des arrêts
500 msec (58).
de commercialisation dans plusieurs pays et
Les observations de troubles du rythme
Pimozide. En 1995, le système national
des restrictions d'indication en France (5). Le
cardiaque lors de doses modérées d'halopé-
de pharmacovigilance britannique a attiré
cisapride est utilisé en gastroentérologie,
ridol sont rares. Un des patients de la série
l'attention sur le risque de survenue de
mais il s'agit d'un proche parent de neurolep-
ci-dessus ayant développé des torsades de
troubles du rythme cardiaque graves liés au
tiques benzamides, tels que l'amisulpride, le
pointes avait reçu 9 mg d'halopéridol par
pimozide (Orap°) sur la base de 40 notifica-
sulpiride, le sultopride ou le tiapride.
voie intraveineuse en 7 heures (58). Une
tions, dont 16 décès (65).
femme de 66 ans a souffert d'une syncope
Les mises en garde en France se sont
Tiapride. Une observation de torsades de
et de torsades de pointes après seulement
ensuite renforcées (4). Elles ont pris en
pointes chez un homme de 76 ans le deuxiè-
4 mg d'halopéridol par voie orale (56). Une
compte le risque de torsades de pointes.
me jour d'un traitement par 300 mg par jour
autre a présenté des torsades de pointes
Elles mentionnent aussi que ce risque dose-
de tiapride (Tiapridal° ou autre) a été
(avec un intervalle QT à 600 msec) après 8
dépendant est majoré par une série d'inter-
publiée. L'intervalle QTc était de 440 msec
jours d'halopéridol à raison de 15 mg par
actions médicamenteuses d'ordre pharma-
avant l'introduction du tiapride, puis de
cocinétique car le pimozide est métabolisé
600 msec sous tiapride (70). La dose quoti-
Une observation rapporte l'utilisation d'ha-
par le foie (l'association du pimozide est
dienne maximale recommandée par le RCP
lopéridol sans allongement du QT chez un
contre-indiquée avec les antifongiques azo-
version dictionnaire Vidal 2002 est de
patient qui avait eu un allongement du QT
lés, les inhibiteurs de la protéase du HIV, la
800 mg par jour (32).
avec torsades de pointes lié à une phéno-
délavirdine (Rescriptor°), la fluoxétine (Pro-
thiazine (41).
zac° ou autre), des macrolides).
Divers autres neuroleptiques aussi.
Pour de nombreux autres neuroleptiques
Dropéridol. En 1997, les doses recom-
actuellement commercialisés, les données
Autres neuroleptiques :
mandées de dropéridol injectable (Drolep-
sur des troubles du rythme cardiaque sont
une prise en compte
tan°) dans les états d'agitation ont été revues
éparses, et il est difficile d'évaluer l'importan-
à la baisse et les mises en garde concernant
ce du risque auquel ils exposent.
le risque de troubles du rythme cardiaque
Des cas de torsades de pointes ont été
Au fil des années, le risque de troubles du
grave ont été renforcées (2,3). Une enquête
rapportés à la cyamémazine (Tercian°) et à
rythme cardiaque liés à divers neurolep-
française de pharmacovigilance avait confir-
la lévomépromazine (Nozinan°), des phéno-
tiques et apparentés a été peu à peu davan-
mé le risque, connu depuis le début des
thiazines, selon les RCP version dictionnaire
tage pris en considération. De nouvelles
années 1990, d'allongement de l'intervalle
Vidal 2002 (32). C'est le cas aussi de l'ami-
mises en garde ont été formulées, parfois
QT, de troubles du rythme cardiaque et de
sulpride, du sulpiride. Dans une série de
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Reproduction interdite, sauf pour les abonnés individuels dans le cadre d'une diffusion limitée, en petit nombre, à but non commercial
26 patients traités par sulpiride, 2 avaient un
des 380 patients traités par rispéridone (Ris-
Interactions pharmacocinétiques. Le
inter valle QTc allongé supérieur à
perdal°) versus 3 des 126 patients traités par
métabolisme de nombreux neuroleptiques
456 msec (23).
halopéridol et aucun des 120 patients sous
est mal connu, parfois du fait d'une commer-
Des allongements de l'intervalle QT et des
placebo (74). Dans une série de 35 patients
cialisation ancienne, à une époque où les
mor ts subites ont été rappor tées sous
traités par rispéridone, 4 avaient un intervalle
voies métaboliques via le cytochrome P450
pipampérone (Dipiperon°), selon son RCP
QTc supérieur à 456 msec (23).
n'étaient pas étudiées. Les interactions
version dictionnaire Vidal 2002 (32).
Une femme de 34 ans sans pathologie
d'ordre pharmacocinétique de nombreux
Les RCP version dictionnaire Vidal 2002
cardiovasculaire connue est morte 5 jours
neuroleptiques sont donc encore mal
d'autres neuroleptiques comportent une
après le début d'un traitement par rispérido-
mention sur le risque d'allongement de l'in-
ne à la dose de 4 mg par jour associé à
C'est ainsi que les mises en garde sur les
tervalle QT et ses conséquences en termes
200 mg par jour d'amantadine (Mantadix°) et
interactions pharmacocinétiques du pimozi-
de troubles graves de rythme, tel le penfluri-
5 mg d'halopéridol (75). Un arrêt cardiaque
de et de la thioridazine sont récentes, mal-
dol (Sémap°) (32).
est survenu. L'électrocardiogramme montrait
gré une utilisation de longue date. D'autres
Pour d'autres phénothiazines, la perphé-
un QRS élargi et un allongement de l'inter-
interactions pharmacocinétiques récemment
nazine (Trilifan retard°), la propériciazine
valle QTc à 480 msec.
mises en évidence n'ont pas d'explication à
(Neuleptil°), la pipotiazine (Piportil°), la thio-
Des anomalies électrocardiographiques
ce jour (h)(1,3).
propérazine (Majeptil°) et la fluphénazine
similaires avec élargissement du QRS et
(Moditen°), un risque d'allongement de l'in-
allongement de QT ont été rapportées lors
Autres médicaments qui allongent l'in-
tervalle QT est mentionné (32). 4 cas d'allon-
d'un surdosage en rispéridone (avec hypo-
tervalle QT. En dehors des neuroleptiques,
gement de l'intervalle QT survenu chez des
kaliémie) (76).
des médicaments très divers entraînent des
patients traités par la fluphénazine (Modi-
Le RCP version dictionnaire Vidal 2002 de
allongements de l'intervalle QT. Il s'agit
ten°) figurent dans l'étude britannique déjà
la rispéridone comporte une mention sur le
d'abord d'antiarythmiques : l'amiodarone
citée plus haut (23).
risque d'allongement de l'intervalle QT et ses
(Cordarone° ou autre), le disopyramide
Bien que non mentionnés dans le RCP,
conséquences en termes de troubles graves
(Rythmodan° ou autre), la quinidine (Sere-
version dictionnaire Vidal 2002, des allonge-
de rythme cardiaque (32).
cor° ou autre), le sotalol (Sotalex° ou autre).
ments de l'intervalle QT ont été rapportés
Il faut prendre en compte aussi les médi-
avec la loxapine (Loxapac°) et plusieurs
Clozapine. Dans une étude rétrospective
caments non commercialisés comme anti-
morts subites ont été liées au flupentixol
qui a inclus 61 patients traités par clozapine,
arythmiques. Ainsi, deux antihistaminiques
(Fluanxol°) (71,72). Dans une série de
un allongement dose-dépendant de l'inter-
H1 ont été retirés du marché français pour
58 patients traités par flupentixol, 2 avaient
valle QTc a été observé. Dans un cas, l'inter-
cette raison. Il s'agit de la terfénadine (ex-
un intervalle QTc supérieur à 456 msec (23).
valle QTc a atteint 533 msec (77). Dans une
Teldane°) et de l'astémizole (ex-Hismanal°)
série de 21 patients traités par 200 à 600 mg
(84,85). La mizolastine (Mizollen°), un autre
par jour de clozapine, l'intervalle QTc moyen
antihistaminique, expose aussi à un risque
Les neuroleptiques récents sont
était de 502,9 msec (78). Dans un cas, l'in-
d'allongement de l'intervalle QT selon son
aussi à risque
tervalle QTc a atteint sous clozapine
RCP version dictionnaire Vidal 2002 (32).
624 msec (79). Le RCP version dictionnaire
Une observation d'allongement de QT sous
Les neuroleptiques les plus récents ne
Vidal 2002 ne mentionne pas explicitement
fexofénadine (Telfast°) a été publiée (86).
sont pas exempts d'effets indésirables sur la
ce risque (32).
Plusieurs anti-infectieux allongent l'inter-
repolarisation cardiaque. Ainsi, dans une
valle QT : certains macrolides, en particulier
étude non aveugle, en groupes parallèles,
l'érythromycine par voie intraveineuse ; cer-
ayant inclus 3 groupes de 28 à 32 patients,
Des facteurs de risque
taines quinolones telles la moxifloxacine
chacun traité par rispéridone (Risperdal°), ou
communs à tous
(non encore commercialisée en France), la
olanzapine (Zyprexa°), ou halopéridol, l'al-
les médicaments
sparfloxacine (ex-Zagam°, qui n'est plus
longement moyen de l'intervalle QT a été de
qui allongent l'intervalle QT
commercialisé en France) ; des antiparasi-
10 msec sous rispéridone, 6,4 msec sous
taires, la pentamidine (Pentacarinat°), l'halo-
olanzapine et 4,7 msec sous halopéri-
Le risque de troubles du rythme cardiaque
fantrine (Halfan°) ; et aussi le bépridil
dol (13).
liés à l'allongement de l'intervalle QT estmajoré par l'existence d'un trouble cardiaque
Olanzapine. Il existe peu de données
préexistant (intervalle QT long, bradycardie),
concernant les effets de l'olanzapine et la
d'un trouble métabolique (hypokaliémie,
durée de l'intervalle QT. Cependant, au
hypocalcémie), la consommation d'alcool et
g- En France, Droleptan° n'est plus commercia-
lisé qu'à l'hôpital, et non plus par Janssen-Cilag,
cours des essais cliniques de l'olanzapine
de nombreuses interactions médicamen-
mais par OTL Pharma (réf. 32).
(Zyprexa°), 8 des 1 685 sujets ont montré à
h- Selon le fascicule "Interactions médicamen-
plusieurs reprises un allongement de l'inter-
Les interactions médicamen-
teuses" du dictionnaire Vidal 2002, le pimozideest contre-indiqué en association avec des
valle QTc, selon le RCP, version dictionnaire
teuses qui majorent le risque de
médicaments qui peuvent entraîner une aug-
Vidal 2002, de Zyprexa° (32,73). Et ce RCP
torsades de pointes sont les
mentation des concentrations plasmatiques de
rappelle que le risque d'interaction médica-
nombreux médicaments qui entraînent une
pimozide par diminution de son métabolismehépatique : des macrolides tels que la clarithro-
menteuse doit être pris en compte.
hypokaliémie ou une bradycardie et ceux qui
mycine (Naxy°, Zeclar°), l'érythromycine (Éry-
allongent l'intervalle QT (2,80à83). Ces
throcine° ou autre), la josamycine (Josacine°),des antifongiques azolés tels que le fluconazole
Rispéridone. Le RCP version "Physi-
associations médicamenteuses correspon-
(Triflucan°), l'itraconazole (Sporanox°), le kéto-
cians' Desk Reference", un équivalent améri-
dent à divers niveaux de mises en garde offi-
conazole (Nizoral°), le miconazole (Daktarin°),
cain du dictionnaire Vidal, mentionne que, au
cielles, y compris les associations de neuro-
mais aussi la fluoxétine (Prozac° ou autre), etcertains antirétroviraux, dont les inhibiteurs de
cours des essais cliniques, un allongement
leptiques entre eux.
la protéase du HIV et la délavirdine (Rescrip-
du QTc (> 450 msec) a été rapporté chez 8
tor°) (réf. 87).
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(Unicordium°), le diphémanil, la vincami-
tard que des mesures de mise en garde ont
dont la prise d'un médicament connu pour
ne (Vinca° ou autre), les antidépresseurs imi-
été prises.
favoriser la bradycardie ou les troubles du
praminiques (87).
En pratique, la gravité potentielle de cet
rythme cardiaque. Au moindre doute, un
effet indésirable et la fragilité des données
dosage sanguin permet de rechercher une
sur ce sujet justifie des mesures préventives
Conclusion pratique :
pour l'ensemble des neuroleptiques.
Ces mesures préventives ne peuvent
toujours surveiller l'ECG,
L'allongement de l'intervalle QT par les
cependant guère être mises en place dans
neuroleptiques est un effet indésirable dose-
les situations d'urgence, face à un patient
adapter les doses
dépendant. Certaines modalités de prescrip-
agité. Or ce sont les situations les plus à
tion (en particulier des fortes doses et les
risque, notamment en raison des doses éle-
Les neuroleptiques exposent à un risque
voies injectables) sont manifestement à l'ori-
vées souvent prescrites. Les phénothiazines,
de troubles du rythme cardiaque graves liés
gine d'une fréquence majorée de troubles du
et plus particulièrement la thioridazine (Mel-
à un allongement de l'intervalle QT (i). Les
rythme ventriculaire. La dose minimum effi-
leril°), sont à éviter par prudence. Le choix
neuroleptiques sont ainsi probablement à
cace du neuroleptique doit toujours être
parmi les autres neuroleptiques disponibles
l'origine d'une partie importante des morts
recherchée. La dose d'entretien du neurolep-
est difficile. L'halopéridol semble moins à
subites observées chez les patients psychia-
tique peut souvent être diminuée à distance
risque que d'autres. Certains utilisent une
triques. Et pourtant, il s'agit d'un domaine
d'un épisode psychotique aigu.
association à une benzodiazépine telle que
très mal étudié, et les données disponibles
Les associations de neuroleptiques et les
le diazépam (Valium° ou autre) pour éviter
reposent plus sur la compilation de cas cli-
associations neuroleptique + médicament
les fortes doses de neuroleptique (88).
niques isolés publiés que sur des études épi-
allongeant l'intervalle QT augmentent le
risque de troubles du rythme cardiaque. Ces
L'historique de la prise en compte des
associations ne doivent être employées
risques de troubles du rythme cardiaque
qu'en l'absence d'alternative.
graves liés aux divers neuroleptiques montre
La prévention des troubles du rythme
i- Les troubles du rythme ventriculaire ne sont
pas les seuls effets indésirables cardiaques des
que ces effets ont été souvent reconnus des
cardiaque et des mor ts subites chez
neuroleptiques. Des myocardites et des cardio-
années après le début de la commercialisa-
les patients traités par un neuroleptique
myopathies ont été rapportées à la clozapine
tion. Pour d'autres neuroleptiques, tels que la
repose essentiellement sur la surveillance
(réf. 92). Une étude récente réalisée à partir dela base des notifications de pharmacovigilance
thioridazine, des observations de troubles du
électrocardiographique avec évaluation de
de l'OMS soulève l'hypothèse que d'autres neu-
rythme cardiaque graves ont été rapportées
l'intervalle QT avant et sous traitement. La
roleptiques pourraient être associés avec desmyocardites et des cardiomyopathies, notam-
dès le début de son utilisation, mais c'est
recherche d'un facteur de risque de tor-
ment la chlorpromazine, la fluphénazine, la ris-
seulement quelques dizaines d'années plus
sades de pointes doit être systématique,
péridone et l'halopéridol (réf. 93).
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Source: http://soutien.philippe.free.fr/227_276_281.pdf
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