Doi:10.1016/j.gyobfe.2007.12.006
Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com
Gyne´cologie Obste´trique & Fertilite´ 36 (2008) 176–182
Psychosomatique et sexualite´
Facteurs associe´s a une initiation sexuelle pre´coce chez les filles :
donne´es franc¸aises de l'enqueˆte internationale Health Behaviour in
School-aged Children (HBSC)/OMS
Factors associated with early sexual initiation: French data from the
international survey Health Behaviour in School-aged
Children (HBSC)/WHO
E. Godeau , C. Vignes , M. Duclos F. Navarro F. Cayla H. Grandjean
a Inserm, unite´ 558, universite´ Paul-Sabatier, 37, alle´e Jules-Guesde, 31073 Toulouse cedex, France
b Service me´dical du rectorat de Toulouse, 12, rue Mondran, 31400 Toulouse, France
c Association pour le de´veloppement d'HBSC, 3, rue Edouard-Dulaurier, 31000 Toulouse, France
d Observatoire re´gional de sante´ Midi-Pyre´ne´es, faculte´ de me´decine, 37, alle´e Jules-Guesde,
31073 Toulouse cedex, France
Rec¸u le 2 aouˆt 2007 ; accepte´ le 20 de´cembre 2007
Disponible sur Internet le 6 fe´vrier 2008
Objectif. – Malgre´ d'indiscutables progre s, la protection des adolescents lors des premiers rapports sexuels n'est pas parfaite. Les principaux
risques en sont bien identifie´s (infections sexuellement transmissibles [IST], grossesses non de´sire´es, voire conse´quences psychiques) et semblentmajore´s lors de relations sexuelles pre´coces. Cette e´tude e´pide´miologique analyse chez les filles les facteurs associe´s aux relations he´te´rosexuellespre´coces (15 ans ou avant), conside´re´es comme facteurs de risque pour les grossesses et les IST.
Population et me´thodes. – Nos donne´es proviennent de l'enqueˆte internationale Health Behaviour in School-aged Children (HBSC)/OMS de
2002. Cette enqueˆte anonyme par autoquestionnaire comple´te´ en classe porte sur la sante´, les comportements de sante´ et leurs contextes chez lese´le ves de 11, 13 et 15 ans. Ces derniers avaient a re´pondre a des questions sur leur sexualite´. En France, 1264 filles de 15 ans plus ou moins six moisont re´pondu.
Re´sultats. – Deux cent vingt-quatre filles (17,7 %) ont de´clare´ avoir de´ja eu des rapports sexuels dont 88,4 % ont utilise´ le pre´servatif et/ou la
pilule au dernier rapport. Selon les analyses multivarie´es re´alise´es sur 1159 filles, sept variables sont significativement et inde´pendammentassocie´es a une fre´quence supe´rieure d'expe´rience sexuelle pre´coce : famille recompose´e ou monoparentale, ivresses re´pe´te´es, consommationquotidienne de tabac, expe´rimentation du cannabis, sorties fre´quentes le soir entre amis, appre´ciation plutoˆt ne´gative de sa vie et me´narche a 12 ansou moins.
Discussion et conclusion. – L'identification des diffe´rents facteurs associe´s a la pre´cocite´ des premie res relations sexuelles devrait permettre
aux professionnels une prise en charge plus cible´e et plus pre´coce de ces adolescentes particulie rement a risque.
# 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.
Objective. – Inspite of unquestionable progress, the protection of girls at first sexual intercourse is still not perfect. The main risks are well
known (sexually transmitted infections [STIs], unwanted pregnancies, psychological consequences) and seem to be higher in the case of earlysexual initiation. The aim of this epidemiological study is to analyse factors associated with early heterosexual intercourse (age 15 or before)among girls, considered as risk factors for pregnancies and STIs.
* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : (E. Godeau).
1297-9589/$ – see front matter # 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.
E. Godeau et al. / Gyne´cologie Obste´trique & Fertilite´ 36 (2008) 176–182
Population and methods. – Our data come from the 2002 international survey Health Behaviour in School-aged Children (HBSC)/WHO. The
questionnaire is completed anonymously in class and measures health, health behaviours and their contexts among 11-, 13- and 15-year-oldstudents. Only the 15 year-olds are asked about their sexual behaviour. In France, 1264 15-year-old (plus or minus six months) girls have answeredthe survey.
Results. – Two hundred and twenty-four girls (17,7 %) state they have already had sexual intercourse. Among these, 88,4 % say that condoms
and/or pills were used at last sexual intercourse. Multivariate analysis (n = 1159) show that seven variables are significantly and independentlylinked to a higher frequency of early sexual intercourse: single-parent or reconstructed family, repeated drunkenness, daily smoking, cannabisexperimentation, frequent evenings out, negative life appreciation and early menarche.
Discussion and conclusion. – Identifying factors associated with early sexual initiation should help professionals to better take care of those
high risk adolescent girls.
# 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.
Mots cle´s : Enqueˆte e´pide´miologique ; Adolescentes ; Sexualite´ pre´coce ; Conduites a risque
Keywords: Epidemiological survey; Female adolescents; Early sexual intercourse; Risk behaviours
facteurs associe´s aux relations he´te´rosexuelles pre´coces (a 15ans ou avant) chez les jeunes filles, cette pre´cocite´ e´tant
Meˆme si les taux d'utilisation des pre´servatifs et de
conside´re´e ici en tant que facteur de majoration de la prise de
contraception par les adolescents de France lors des premiers
risque par rapport aux grossesses et aux IST.
rapports sont en constante augmentation , la protection des
Dans ce travail, nous conside´rons comme pre´coces des
jeunes n'est pas parfaite et les risques des premiers rapports
rapports sexuels ayant eu lieu a 15 ans ou moins. La loi
sont bien identifie´s : infections sexuellement transmissibles
franc¸aise conside re en effet qu'avant 15 ans un individu n'est
(IST), grossesses non de´sire´es, mais aussi conse´quences
pas en mesure de consentir librement a une relation sexuelle, ni
psychiques d'une premie re fois parfois regrette´e . Si les
d'exercer un choix de fac¸on libre et e´claire´e, c'est-a -dire en
taux d'IST sont tre s certainement sous-estime´s puisque ces
pleine conscience des risques et des modifications corporelles
affections sont souvent asymptomatiques, les taux d'IVG sont
et psychiques qu'implique l'acte . Les articles 227-25 et
connus (9,6 IVG pour 1000 jeunes filles aˆge´es de 15 a 17 ans en
227-27 du Code pe´nal font en effet la diffe´rence dans les
2003 en France ) et ne cessent de progresser chez les toutes
sanctions concernant les atteintes sexuelles selon que le mineur
jeunes femmes . Parmi les facteurs pouvant expliquer les
a ou non atteint l'aˆge de 15 ans. Enfin, le questionnaire utilise´
e´checs de protection vis-a -vis des grossesses non de´sire´es et des
ne permettant pas d'explorer le type de sexualite´ (he´te´ro- ou
IST, la pre´cocite´ des premie res relations sexuelles me´rite
homosexualite´), les risques propres a l'homosexualite´ n'y sont
attention. En effet, il a e´te´ montre´ que celle-ci e´tait corre´le´e a
pas pris en compte (notamment le risque suicidaire
une moindre utilisation du pre´servatif lors du premier rapportet qu'elle augmentait la dure´e d'exposition aux risques
2. Population et me´thodes
(discontinuite´ de la contraception ou de la protection contre lesIST, probable augmentation du nombre de partenaires par effet
Les donne´es pre´sente´es sont issues de l'enqueˆte inter-
cumulatif ). Par ailleurs, la gestion d'une contraception
nationale (HBSC), conduite tous les quatre ans depuis 1982,
orale peut s'ave´rer difficile chez les toutes jeunes filles
sous l'e´gide du bureau re´gional Europe de l'Organisation
(notamment oublis fre´quents ) de meˆme que l'utilisation du
mondiale de la sante´ (OMS). Globalement, cette enqueˆte vise a
pre´servatif, tant sur les plans techniques que relationnels
mieux appre´hender, a travers leurs propres de´clarations, la
En outre, chez les filles, les rapports sexuels pre´coces ont
sante´ et le bien-eˆtre des e´le ves de 11, 13 et 15 ans, leurs
souvent lieu avec un partenaire plus aˆge´, ce qui accentue le
comportements de sante´ et leurs de´terminants ainsi que le
rapport de force l'adolescente risquant, par crainte de
contexte social dans lequel ils vivent. Les constats issus de
de´cevoir son partenaire, ne pas parvenir a imposer l'utilisation
l'enqueˆte HBSC permettent de suivre l'e´volution de certains
du pre´servatif si ce dernier ne le propose pas. Chez ces meˆmes
comportements, mais aussi de construire des strate´gies de
jeunes filles, l'ambivalence vis-a -vis d'un de´sir de grossesse
promotion pour la sante´ et d'influencer les politiques de sante´
peut eˆtre moins bien controˆle´e, en particulier dans un contexte
en faveur des jeunes. La France a participe´ a cette enqueˆte en
de difficulte´s familiales et sociales entraıˆnant une survalorisa-
2002 pour la troisie me fois conse´cutive, en compagnie de 34
tion du statut de femme enceinte et de me re . Enfin,
autres pays ou re´gions . L'enqueˆte HBSC suit un protocole
l'adolescence en soi est une pe´riode critique : la prise de risque,
de recherche commun a tous les pays .
dont les rapports non prote´ge´s font partie, en est constitutive,mais celle-ci peut e´galement eˆtre re´ve´latrice d'un mal-eˆtre
profond et/ou d'une mauvaise estime de soi
Notre e´tude, re´alise´e a partir des donne´es franc¸aises de
La population totale de l'enqueˆte HBSC 2002 en France
l'enqueˆte internationale Health Behaviour in School-aged
comportait 8185 e´le ves scolarise´s en me´tropole du CM2 a la
Children (HBSC) 2002 a pour objectif d'analyser les
premie re anne´e de lyce´e, dans des e´tablissements publics et
E. Godeau et al. / Gyne´cologie Obste´trique & Fertilite´ 36 (2008) 176–182
prive´s sous contrat. Les questions sur la sexualite´ n'ayant e´te´
bivarie´es (test d'inde´pendance du Khi2 ou test exact de Fisher
pose´es qu'au groupe des 15 ans, la population e´tudie´e ici est
en pre´sence d'effectifs the´oriques infe´rieurs a 5). Les
limite´e aux 1315 e´le ves de sexe fe´minin aˆge´es de 15 ans plus ou
de´terminants dont l'association e´tait significative a 20 % ont
moins six mois constituant ce groupe.
e´te´ introduits comme variables inde´pendantes dans un mode le
L'e´chantillonnage a e´te´ effectue´ au moyen d'un sondage
de re´gression logistique pas a pas descendante, ajuste´ sur l'aˆge
ale´atoire en grappe a deux niveaux (e´tablissement, puis classe)
et le statut socioe´conomique. Les analyses ont e´te´ re´alise´es avec
apre s stratification sur six grandes re´gions, quatre cate´gories de
Stata/SE version 9.
type de communes et huit niveaux de formation
2.2. Questionnaire
Les e´le ves n'ayant pas re´pondu ou ayant donne´ des re´ponses
L'enqueˆte HBSC repose sur un autoquestionnaire anonyme,
incohe´rentes sur leur sexualite´ (3,9 %) ont e´te´ exclues de ces
rempli en classe sous la responsabilite´ d'un enqueˆteur, me´decin
analyses. Finalement notre population d'e´tude est compose´e de
ou infirmie re scolaire le plus souvent. Le recueil des donne´es
1264 filles, parmi lesquelles 224 (17,7 %) ont de´clare´ avoir de´ja
s'est de´roule´ entre mars et juin 2002.
eu des rapports sexuels.
La sexualite´ a e´te´ aborde´e a partir de la question suivante,
issue de l'enqueˆte ame´ricaine Youth Risk Behavior Survey
ˆ ge au premier rapport
(YRBS) : As-tu de´ja eu des rapports sexuels (on ditaussi « faire l'amour ») ? Cette dernie re pre´cision, rajoute´e
Parmi les 224 adolescentes se de´clarant sexuellement
apre s une phase pilote, visait a faire comprendre aux e´le ves que
initie´es, 223 ont pre´cise´ leur aˆge lors de leur premie re
la question portait sur une pe´ne´tration vaginale. Les e´le ves
expe´rience. Un quart d'entre elles ont indique´ avoir eu ce
avaient e´galement a re´pondre a des questions sur leur aˆge au
premier rapport a 13 ans ou moins ).
premier rapport et leur utilisation de pre´servatifs et decontraception lors du dernier rapport. De plus, le questionnaire
3.2. Utilisation de contraceptifs au dernier rapport
HBSC explore aussi les contextes de vie des e´le ves (famille,e´cole, amis), leur ve´cu scolaire, les conduites a risque, certains
La majorite´ des filles de 15 ans sexuellement initie´es de´clare
facteurs psychosomatiques et pour les filles, l'aˆge des
avoir utilise´ un moyen de contraception lors de leur dernier
premie res re gles.
rapport sexuel : 76,3 % le pre´servatif et 34,4 % la pilule (22,3 %rapportent une protection duelle : pilule et pre´servatif). Par
2.3. Analyses statistiques
ailleurs, 11,2 % des re´pondantes sexuellement initie´esrapportent un usage de la pilule du lendemain. Les e´le ves ne
La variable d'inte´reˆt de ce travail e´tait le fait d'avoir eu des
de´clarant aucun moyen de contraception (5,3 %) ou un moyen
rapports sexuels pre´coces. Selon les constats issus de la
inefficace ou non adapte´ a leur aˆge (retrait, spermicides :
litte´rature, diffe´rents de´terminants de ces rapports sexuels
3,6 %), sont minoritaires. Toutefois, il convient de souligner
pre´coces ont e´te´ conside´re´s : d'une part, en lien avec
que la proportion de jeunes filles non ou mal prote´ge´es contre
l'environnement (composition parentale de la famille ; facilite´
les grossesses est significativement plus e´leve´e chez celles qui
de communication avec au moins un parent ; statut
ont de´clare´ avoir eu des rapports sexuels avant l'aˆge de 13 ans
socioe´conomique en trois niveaux, a partir de la Family
(17,0 % chez les 13 ans ou moins versus 6,5 % chez les autres ;
Affluence Scale, e´chelle mesurant la richesse mate´rielle de la
p test exact de Fisher = 0,027).
famille ; type d'e´tablissement scolaire fre´quente´ (colle ge,lyce´e ge´ne´ral et technologique (LGT) ou polyvalent (LPO),lyce´e professionnel (LP)) ; d'autre part, en lien avec le ve´cuscolaire (re´sultats scolaires supe´rieurs a la moyenne ; gouˆtpour l'e´cole) ; puis les conduites a risque (tabagismequotidien ; ivresses deux fois ou plus dans la vie ;expe´rimentation du cannabis ; sorties le soir avec les amisquatre fois ou plus par semaine) ; enfin en lien avec desfacteurs physiques et psychiques (perception corporelle (tropmaigre/au bon poids/trop gros) ; appre´ciation de sa vie (plutoˆtne´gative versus plutoˆt positive a partir de scores a l'e´chelle deCantril ) ; plaintes re´currentes (au moins deux symptoˆmes,au moins une fois par semaine, parmi lesquels de´primeirritabilite´, nervosite´, maux de teˆte, de ventre, de dos,e´tourdissement et difficulte´ d'endormissement), me´narcheavant 12 ans).
Les liens entre les rapports sexuels pre´coces et les diffe´rents
Fig. 1. Pourcentage cumule´ des filles de 15 ans de´clarant avoir de´ja eu des
de´terminants ont tout d'abord e´te´ explore´s par des analyses
rapports sexuels en fonction de l'aˆge de´clare´ au premier rapport (n = 223).
E. Godeau et al. / Gyne´cologie Obste´trique & Fertilite´ 36 (2008) 176–182
3.3. Facteurs associe´s a la pre´cocite´ sexuelle (rapports a
De´terminants des rapports sexuels pre´coces chez les filles de 15 ans
Ayant eu des rapports sexuels
Le permet de synthe´tiser les principaux
facteurs identifie´s dans la litte´rature comme potentiellement
associe´s a la pre´cocite´ des rapports sexuels — en tant que
Famille recompose´e ou monoparentale
de´terminants ou facteurs associe´s — et pre´sents dans
l'enqueˆte HBSC.
Statut socioe´conomique
3.4. Facteurs environnementaux
La fre´quence des rapports sexuels pre´coces e´tait moins
e´leve´e chez les filles vivant avec leurs deux parents (13,9 versus
Type d'e´tablissement fre´quente´
29,8 %), ainsi que chez celles qui de´claraient une communica-
tion plutoˆt facile avec au moins un de ces derniers (15,5 versus
28,3 %). Le niveau socioe´conomique n'est pas apparu
significativement associe´ aux rapports sexuels pre´coces.
Re´sultats scolaires moyenne
´ tablissement scolaire fre´quente´
Gouˆt pour l'e´cole
C'est en lyce´e professionnel que l'on trouve la proportion de
filles de 15 ans ayant eu des rapports sexuels pre´coces la plus
e´leve´e (26,9 versus 16,2 %).
Conduites a risqueTabagisme quotidien
3.5. Ve´cu scolaire
La proportion de filles ayant eu des rapports sexuels
pre´coces e´tait plus e´leve´e parmi celles de´clarant des re´sultats
scolaires infe´rieurs a la moyenne (20,7 versus 14,1 %). De
Expe´rimentation de cannabis
meˆme, les e´le ves de´clarant ne pas aimer l'e´cole e´taient
proportionnellement bien plus nombreuses que le reste de leurs
4 sorties nocturnes
camarades a rapporter une expe´rience sexuelle pre´coce (26,6
versus 12,1 %).
3.6. Conduites de risque
Appre´ciation de la vie
Plutoˆt ne´gative
Plutoˆt positive
La fre´quence des rapports sexuels pre´coces e´tait nettement
Plaintes re´currentes
plus e´leve´e chez les filles de´clarant fumer tous les jours
que chez les autres (48,0 versus 10,1 %), de meˆme que chez
celles rapportant avoir de´ja consomme´ du cannabis (30,5
versus 8,9 %). Les adolescentes de´clarant au moins deux
e´pisodes d'ivresse e´taient largement plus nombreuses que les
autres a de´clarer avoir eu des rapports sexuels pre´coces (38,3
Me´narche avant 12 ans
versus 9,0 %). Enfin, la proportion de filles ayant eu des
rapports sexuels pre´coces e´tait bien plus importante chez
celles sortant quatre soirs ou plus par semaine (38,5 versus
p < 0,20 ; ** p < 0,01 ; ***p < 0,001 ; ns : non significatif.
a Nombre de filles pre´sentant chaque modalite´ de chaque de´terminant.
b Fre´quence en pourcentage de filles pre´sentant chaque modalite´ de chaque
3.7. Facteurs psychiques et somatiques
c Nombre de filles pre´sentant chaque modalite´ de chaque de´terminant ayant
eu des rapports sexuels pre´coces (effectif-ligne).
La proportion de filles ayant eu une sexualite´ pre´coce e´tait
d Fre´quence de filles pre´sentant chaque modalite´ de chaque de´terminant ayant
plus e´leve´e chez celles ayant une appre´ciation plutoˆt ne´gative
eu des rapports sexuels pre´coces (pourcentage-ligne).
de leur vie (28,9 versus 14,5 %), ainsi qu'exprimant des plaintes
Valeur « p » du test du Khi2 mesurant la significativite´ de la relation entre
chaque de´terminant et le fait d'avoir eu des rapports sexuels pre´coces chez les
re´currentes (24,6 versus 12,3 %). Les e´le ves se de´clarant « au
bon poids » sont proportionnellement moins nombreuses queles autres a avoir eu des rapports sexuels pre´coces (15,8 versus19,6 %).
E. Godeau et al. / Gyne´cologie Obste´trique & Fertilite´ 36 (2008) 176–182
Globalement, on peut affirmer que les jeunes filles de 15
Facteurs associe´s a la pre´cocite´ des rapports sexuels chez les filles de 15 ans :
ans de notre pays sont plutoˆt bien prote´ge´es contre les
analyse multivarie´e (n = 1159)
grossesses (d'apre s leurs de´clarations concernant leur dernier
rapport) avec 88,4 % ayant de´clare´ avoir utilise´ le pre´servatif
Famille recompose´e ou monoparentale
et/ou la pilule, ce qui les place dans le peloton de teˆte des
Tabagisme quotidien
pays ayant participe´ a l'enqueˆte HBSC en 2002 (les jeunes
hollandais e´tant ceux qui rapportent la protection la plus
Expe´rimentation du cannabis
e´leve´e avec 93,3 %) Il n'en demeure pas moins que
Sorties nocturnes
8,9 % des jeunes filles de 15 ans sexuellement actives de
Appre´ciation plutoˆt ne´gative de sa vie
Me´narche avant 12 ans
notre pays sont peu ou mal prote´ge´es (garc¸ons 9,3 % ), cetaux e´tant presque deux fois plus e´leve´ si l'on conside re lesjeunes filles de´clarant des premiers rapports a 13 ans oumoins.
Enfin, la proportion de filles ayant eu des rapports sexuels
En 1998, d'apre s l'enqueˆte « Barome tre jeunes », l'aˆge
pre´coces e´tait plus e´leve´e parmi celles de´clarant avoir eu leurs
me´dian au premier rapport, e´tait dans notre pays de 17,6 ans
premie res re gles avant 12 ans (29,7 versus 14,6 %).
pour les filles , ce qui tend a le´gitimer le terme desexualite´ pre´coce concernant les adolescentes ayant eu leurs
3.8. Mode le multivarie´ de la pre´cocite´ sexuelle
premiers rapports a 15 ans ou moins. D'apre s nos re´sultats,cette pre´cocite´ est corre´le´e a un ensemble de conduites a
L'analyse a porte´ sur 1159 e´le ves. Dans le mode le final, sept
risque : consommation quotidienne de tabac, expe´rimentation
variables sont reste´es significativement et inde´pendamment
du cannabis, e´pisodes re´pe´te´s d'ivresse ainsi que sorties
associe´es a une fre´quence plus e´leve´e d'expe´rience sexuelle
nocturnes fre´quentes (dans la mesure ou l'on conside re que
pre´coce : vivre dans une famille recompose´e ou monoparentale,
sortir habituellement plus de quatre soirs par semaine a 15
avoir e´te´ de´ja ivre deux fois ou plus, fumer du tabac
ans est un contexte ou un comportement potentiellement a
quotidiennement, avoir de´ja expe´rimente´ le cannabis, sortir
risque). De telles associations ont e´te´ observe´es dans
quatre soirs par semaine ou plus avec des amis, donner une
plusieurs autres enqueˆtes, en France et dans d'autres
appre´ciation plutoˆt ne´gative de sa vie et avoir eu ses premie res
populations comparables Au-dela de cette clas-
re gles avant 12 ans ).
sique association de prise de risque, d'autres facteurs sontassocie´s a la pre´cocite´ de la sexualite´ dans nos re´sultats.
Parmi les facteurs contextuels, retenons la perte de l'inte´grite´familiale. Lagrange et Lhomond font eux aussi le constat que
L'objectif de cette analyse, fonde´e sur une enqueˆte
les filles de 15 a 18 ans dont les parents sont se´pare´s ont des
transversale dans un e´chantillon repre´sentatif d'e´le ves de 15
taux de rapports sexuels plus e´leve´s L'absence au
ans, e´tait d'identifier des facteurs lie´s a une sexualite´ pre´coce
quotidien du pe re en cas de se´paration semblerait favoriser
chez les filles, initie´e avant ce qu'il est convenu d'appeler en
une entre´e plus pre´coce dans la sexualite´ dans la mesure ou
France la majorite´ sexuelle : 15 ans ou moins. Pour le´gale
c'est traditionnellement lui qui exerce une influence afin de
qu'elle soit, l'inconve´nient d'une telle limite est de ne pas
retarder au maximum l'activite´ sexuelle des filles. Dans notre
prendre en compte le degre´ d'avancement du de´veloppement
enqueˆte, comme dans celle de Lagrange et Lhomond, ce lien
pubertaire ni les re´fe´rences culturelles et ethniques La
n'est pas retrouve´ chez les garc¸ons. Cependant Wellings et al.
notion de pre´cocite´ gagnerait a conside´rer le stade de
le retrouvent dans les deux sexes au Royaume-Uni . On
maturation physique et surtout psychoaffective des enfants et
notera que le gouˆt pour l'e´cole, conside´re´ par certains comme
des adolescents, l'aˆge chronologique ne refle´tant pas les
protecteur par rapport aux prises de risques dont les rapports
variations interpersonnelles pouvant exister quant aux pro-
cessus de maturation. Le type d'enqueˆte que nous avons utilise´
significativement lie´ aux rapports sexuels pre´coces dans
n'autorisait pas la mesure directe de marqueurs individuels de
les analyses bivarie´es, mais ne demeure pas dans le mode le
maturation sexuelle, mais permettait de rechercher les facteurs
multivarie´, ou la part occupe´e par les autres prises de risque
associe´s a l'initiation pre´coce des rapports sexuels. Dans notre
population, pre s de deux filles de 15 ans sur dix de´clarent avoir
Pour ce qui concerne les facteurs individuels, nous trouvons
de´ja eu des rapports sexuels, ce qui situe les jeunes franc¸aises
une corre´lation entre expe´rimentation sexuelle pre´coce et
juste au-dessous de la moyenne des diffe´rents pays occidentaux
perception plutoˆt ne´gative de sa vie, sans pouvoir toutefois
ayant participe´ a l'enqueˆte HBSC en 2002 (20,2 %), en sachant
e´tablir de lien de causalite´ du fait du caracte re transversal de
que ces proportions varient, selon les de´clarations des jeunes
notre e´tude.
filles entre 3,6 % en Mace´doine et 78,8 % au Groenland .
Dans l'enqueˆte HBSC, le de´veloppement pubertaire est
titre de comparaison, signalons que pour les garc¸ons de 15
aborde´ a travers l'aˆge de la me´narche. Plus celle-ci survient toˆt,
ans de notre pays, en 2002 ce taux est de 25,1 % et qu'en 1998,
plus les filles ont des rapports sexuels pre´coces, notion
il e´tait de 19,5 % chez les filles et 30,6 % chez les garc¸ons de
notamment retrouve´e dans la majorite´ des pays ayant participe´
Midi-Pyre´ne´es
a cette enqueˆte
E. Godeau et al. / Gyne´cologie Obste´trique & Fertilite´ 36 (2008) 176–182
En pratique, ces diffe´rents e´le´ments de repe´rage peuvent
[3] Dickson N, Paul C, Herbison P, Silva P. First sexual intercourse: age,
permettre aux professionnels d'intervenir pre´cocement chez les
coercion and later regrets reported by a birth cohort. BMJ 1998;316:29–33.
jeunes filles susceptibles d'entamer une vie sexuelle a un
[4] Le Gall D, Le Van C. La premie re fois. Le passage a la sexualite´ adulte.
moment ou elles n'ont peut-eˆtre pas pleinement acquis leur
Paris: Payot & Rivages; 2007.
« compe´tence sexuelle ». Il ne s'agit pas de vouloir a tout prix
[5] Vilain A. Les interruptions volontaires de grossesse en 2003, DRESS,
retarder l'aˆge du premier rapport, mais plutoˆt de permettre qu'il
´ tudes et Re´sultats 2005 ; no 431.
ait lieu dans de bonnes conditions en en minimisant les
[6] Wellings K, Nanchahal K, Macdowall W, McManus S, Erens B, Mercer
CH, et al. Sexual behaviour in Britain: early heterosexual experience.
conse´quences ne´gatives. En effet, l'entre´e dans la sexualite´ est
pour les jeunes une e´tape fondamentale dans leur maturation et
[7] Garriguet D. Relations sexuelles pre´coces, Rapport sur la sante´. Stat Can
la construction de leur vie future, la premie re expe´rience
sexuelle e´tant perc¸ue comme un rite initiatique ouvrant les
[8] Serfaty D. Oral contraceptive compliance during adolescence. Adolesc
portes du monde adulte . Lorsqu'elle survient tre s (voire
Gynaecol Endocrinol 1997;816:422–31.
[9] Stone N, Ingham R. Factors affecting British teenagers' contraceptive use
trop) toˆt, on sait que les regrets et les conse´quences ne´gatives
at first intercourse: the importance of partner communication. Perspect
sont plus fre´quents
Sex Health Reprod Health 2002;34(4):191–7.
[10] Manning W, Longmore M, Giordano P. The relationship context of
[11] VanOss MB, Coyle KK, Gomez CA, Carvajal SC, Kirby DB. Older
Connaıˆtre les facteurs associe´s a la pre´cocite´ de la sexualite´
boyfriends and girlfriends increase risk of sexual initiation in young
que sont les autres prises de risque (notamment consommations
adolescents. J Adolesc health 2000;27:409–18.
de substances psychoactives) et les facteurs individuels de mal-
[12] Van Oss MB, Kirby DB, Hudes ES, Coyle KK, Gomez CA. Boyfriends,
girlfriends and teenagers' risk of sexual involvement. Perspect Sex Health
eˆtre, devrait permettre aux soignants et plus largement a tous les
Reprod Health 2006;38(2):76–83.
acteurs en e´ducation a la sexualite´, de proposer a ces
[13] Alvin P. Contraception chez l'adolescente : le grand paradoxe. Arch
adolescentes une information adapte´e sur le corps et la
sexualite´ pour les aider a acque´rir une maturite´ sexuelle et
[14] Uzan M. Rapport sur la pre´vention et la prise en charge des grossesses des
adolescentes, a l'attention du ministre de l'Emploi et de la Solidarite´ et du
affective, pre´alable indispensable a une information efficace sur
´ tat a la Sante´ 1998.
les risques de la sexualite´. Les interventions planifie´es en milieu
[15] Jeammet P. La dimension psychique de la sexualite´ des adolescents
scolaire, si elles ont un inte´reˆt pour le plus grand nombre, ne
d'aujourd'hui. Gynecol Obstet Fertil 2005;33:624–6.
semblent pas toujours suffisantes notamment pour ces jeunes
[16] Currie C. Young people's health in context. Health Behaviour in School-
pre´coces, pour lesquelles un dialogue personnalise´ semblerait
aged Children (HBSC) study: international report from the 2001/2002survey, Health Policy for Children and Adolescents, No. 4, Copenhagen:
plus adapte´. On pourrait ainsi, sans les stigmatiser, les aider
sinon a retarder leur entre´e dans la sexualite´, du moins a en
[17] Verdier E., Firdion J.M., Homosexualite´s et suicide : e´tudes, te´moignages
limiter les conse´quences ne´gatives a court, moyen ou long
et analyse. ENSP 2003.
terme. Les donne´es pre´sente´es ici ont e´te´ collecte´es lors de
[18] Morris L, Warren CW, Aral SO. Measuring adolescent sexual behaviors
l'anne´e scolaire 2001/2002, juste apre s la nouvelle loi sur l'IVG
and related health outcomes. Public Health Rep 1993;108(Supplement1):31–6.
et la contraception (loi no 2001-588 du 4 juillet 2001) visant
[19] Brener ND, Kann L, Kinchen ST, Grunbaum J, Whalen L, Eaton D et al.
entre autre a syste´matiser et intensifier l'e´ducation sexuelle en
Methodology of the Youth Risk Behavior Surveillance System. Morbidity
milieu scolaire et a autoriser la de´livrance gratuite d'une
and Mortality Weekly Report 2004; 53 (RR-12): 1-16.
contraception d'urgence aux mineures. D'ores et de´ja , c'est en
[20] Brener N, Kann L, McManus T, Kinchen S, Sundberg E, Ross JG.
France que les taux de de´claration d'utilisation de pilule du
Reliability of the 1999 Youth Risk Behavior Survey questionnaire. JAdolesc Health 2002;31:336–42.
lendemain par les jeunes sont les plus e´leve´s avec 14,2 % (par
[21] Godeau E, Nic Gabhainn S, Vignes C, Ross J, Boyce W, Todd J.
exemple 11,7 % au Pays de Galles et 2,9 % en Finlande,
Contraceptive use by 15 year-old students at their last sexual intercourse
attestant sans doute un effet de la loi sur ces usages. Les
– results from 24 countries. Arch Pediatr Adolesc Med 2008;162(1):66–
donne´es de 2006 devraient permettre de mesurer plus
pre´cise´ment l'impact de cette loi sur les comportements des
quel aˆge les hommes et les femmes commencent-ils leur vie
sexuelle ? Comparaisons mondiales et e´volutions re´centes. Popul Soc
adolescentes de notre pays et d'en tirer des conclusions
concernant les actions d'information et de pre´vention aupre s de
[23] Upchurch DM, Levy-Storm CA, Aneshensel CS. Gender and ethnic
cette population.
differences in the timing of first sexual intercourse. Fam Plann Perspect1998;30(3):121–7.
[24] Ross J, Godeau E, Dias S, Vignes C, Gross L. Setting politics aside to
collect cross-national data on sexual health of adolescents. SEICUS Rep2004;32(4):28–34.
[1] Guilbert P, Baudier F, Gautier A. (dir.). Barome tre sante´ 2000. Vol. 2:
[25] Godeau E. « Les anne´es colle ge », enqueˆte sante´ HBSC 1998 aupre s des
re´sultats. Vanves : CFES, coll. « Barome tres » 2001.
11–15 ans en France, sous la direction de Christiane Dressen et Fe´lix
[2] Godeau E, Grandjean H, Navarro F. (dir.). La sante´ des e´le ves de 11 a 15
Navarro, e´ditions du CFES, 2000.
ans en France (2002) – Donne´es franc¸aises de l'enqueˆte internationale
[26] Are nes J, Janvrin M-P, Baudier F. (dir.). Barome tre sante´ jeunes 97/98.
Health Behaviour in School-aged Children (HBSC), pre´face de Marc
Vanves : CFES, coll. « Barome tres » 1998.
Danzon (directeur de la re´gion Europe de l'OMS). Paris : Editions INPES
[27] Lagrange H, Lhomond B. L'entre´e dans la sexualite´. Paris: La de´couverte
& Syros; 1997.
E. Godeau et al. / Gyne´cologie Obste´trique & Fertilite´ 36 (2008) 176–182
[28] Paul C, Fitzjohn J, Herbison P, Dickson N. The determinants of sexual
[30] Bonnell C, Fletcher A, McCambridge J. Improving school ethos may
intercourse before age 16. J Adolesc Health 2000;27:136–47.
reduce substance misuse and teenage pregnancy. BMJ 2007;334:
[29] Henderson M, Wight D, Raab G, Abraham C, Buston K, Hart G, et al.
Heterosexual risk behaviour among young teenagers in Scotland. J
[31] Bozon M. Sociologie de la sexualite´. Paris: Nathan Collection; 2002 ,
Source: http://www.educationsensuelle.com/media/uploads/revue_gynecologie_obstetrique_e_godeau.pdf
Ambulatory actigraphy correlates with apathy in mild Alzheimer's disease Renaud David, Alice Rivet, Philippe H. Robert, Veronique Mailland, Leah Friedman, Jamie M. Zeitzer and Jerome Yesavage published online 21 September 2010 The online version of this article can be found at: can be found at: Additional services and information for
JSPS Bilateral Joint Research Seminar Interdisciplinary Seminar for Innovative Organic Chemistry Dec. 1, 2014 Dec. 3, 2014 The University of Strasbourg Institut de Science et d'Ingénierie Supramoléculaires 1:15 - 2:00 PM Registration and Poster installation 2:00 - 2:10 PM Opening Remarks: Mir Wais Hosseini and Atsuko Hisada Session 1: Transition Metal Catalysis